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L’engagement communautaire? C’est la crise!

Bertrand Lemaire

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Avant de parler de certaines questions fondamentales relatives à l'action évangélisatrice, il convient de rappeler brièvement quel est le contexte dans lequel nous devons vivre et agir. Aujourd'hui, on a l'habitude de parler d'un "excès de diagnostic" qui n'est pas toujours accompagné de propositions qui apportent des solutions et qui soient réellement applicables. D'autre part, un regard purement sociologique, qui ait la prétention d'embrasser toute la réalité avec sa méthodologie d'une façon seulement hypothétiquement neutre et aseptisée ne nous servirait pas non plus. Ce que j'entends offrir va plutôt dans la ligne d'un discernement évangélique. C'est le regard du disciple-missionnaire qui «est éclairé et affermi par l'Esprit Saint»...  (Extraits de: Evangelii gaudium "La joie de l'Evangile" - Exhortation apostolique du Pape François)

L’engagement communautaire? C’est la crise! 

Avant d'aborder les points pratiques de la nouvelle évangélisation le Pape prend un peu d'altitude pour considérer le contexte global dans lequel nous vivons. Nous sommes abreuvés de statistiques, de diagnostiques, de regards sociologiques, de considérations aseptisées. Tout cela n'entre pas directement dans le champ de réflexion du Pape. Ce qui compte c'est le regard du «disciple-missionnaire» éclairé et affermi par l'Esprit-Saint.

Le Saint Père poursuit cependant:

«J'exhorte toutes les communautés à avoir "l'attention constamment éveillée aux signes des temps"...

Il est opportun de clarifier ce qui peut être un fruit du Royaume et aussi ce qui nuit au projet de Dieu. Cela implique non seulement de reconnaître et d'interpréter les motions de l'esprit bon et de l'esprit mauvais, mais – et là se situe la chose décisive – de choisir celles de l'esprit bon et de repousser celles de l'esprit mauvais.»

Le Pape François tient pour acquises toutes les données des encycliques et des conciles.

Mais à présent il tente de porter un regard pastoral sur certains aspects de la réalité qui ont trait au renouveau missionnaire de l'Eglise.

D'un côté se présentent certains éléments positifs :

«On doit louer les succès qui contribuent au bien-être des personnes, par exemple dans le cadre de la santé, de l'éducation et de la communication.»

De l'autre, le côté négatif :

«Nous ne pouvons cependant pas oublier que la plus grande partie des hommes et des femmes de notre temps vivent une précarité quotidienne, aux conséquences funestes. Certaines pathologies augmentent. La crainte et la désespérance s'emparent du cœur de nombreuses personnes, jusque dans les pays dits riches.

Fréquemment, la joie de vivre s'éteint, le manque de respect et la violence augmentent, la disparité sociale devient toujours plus évidente. Il faut lutter pour vivre et, souvent, pour vivre avec peu de dignité.»

Pour le Pape certains points de la vie du « tous les jours » sont non négociables :

«Il n'est pas possible que le fait qu'une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l'exclusion.»

«On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C'est la disparité sociale. Aujourd'hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible.»

«Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. On considère l'être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu'on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du "déchet" qui est même promue.»

«Les exclus ne sont pas des "exploités", mais des déchets, "des restes".»

Et Lo Tedhal dans tout cela.

Avoir la charité des mains : avoir les mains offertes, des mains actives au service de nos frères, avoir « des mains de brise et d'eau » pour tous les innocents, les souffrants, les blessés de la vie.

Avoir la charité des pieds : être toujours prompt à aller à la rencontre de Jésus en nous mettant au service des autres, à commencer par notre prochain.

Ainsi, nous devrions aller vers « les pauvres de Dieu » avec un habit de Jésus Christ, un sourire aux lèvres, une main de brise et d'eau, un cœur de père ou de mère, une oreille écoutante, un regard qui redonne vie, un visage ostensoir, une parole qui libère, un silence éloquent. (Tiré de «A la source de l'Evangile»)


   


 


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