ImprimerEnvoyer

La force évangélisatrice de la piété populaire

Bertrand Lemaire

Changer taille:

A lire du §125 au §128 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

La force évangélisatrice de la piété populaire

Avec grande simplicité, le Pape François nous demande de posséder le regard du Bon Pasteur, devant le "pauvre spirituel" qui égrène son chapelet, allume une simple bougie devant la statue de Marie, élève un regard d’amour devant la croix.

Pour comprendre cette réalité il faut s’en approcher avec le regard du Bon Pasteur, qui ne cherche pas à juger mais à aimer. C’est seulement à partir d’une connaturalité affective que donne l’amour que nous pouvons apprécier la vie théologale présente dans la piété des peuples chrétiens, spécialement dans les pauvres. Je pense à la foi solide de ces mères au pied du lit de leur enfant malade qui s’appliquent au Rosaire bien qu’elles ne sachent pas ébaucher les phrases du Credo ; ou à tous ces actes chargés d’espérance manifestés par une bougie que l’on allume dans un humble foyer pour demander l’aide de Marie, ou à ces regards d’amour profond vers le Christ crucifié. Celui qui aime le saint peuple fidèle de Dieu ne peut pas regarder ces actions seulement comme une recherche naturelle de la divinité. Ce sont les manifestations d’une vie théologale animée par l’action de l’Esprit Saint qui a été répandu dans nos coeurs (cf. Rm 5, 5).

Aujourd’hui, prendre au sérieux l’action de l’Esprit Saint dans les manifestations de la piété populaire, c’est important dans le cadre de la "Nouvelle Evangélisation".

Dans la piété populaire, puisqu’elle est fruit de l’Évangile inculturé, se trouve une force activement évangélisatrice que nous ne pouvons pas sous-estimer : ce serait comme méconnaître l’oeuvre de l’Esprit Saint. Nous sommes plutôt appelés à l’encourager et à la fortifier pour approfondir le processus d’inculturation qui est une réalité jamais achevée. Les expressions de la piété populaire ont beaucoup à nous apprendre, et, pour qui sait les lire, elles sont un lieu théologique auquel nous devons prêter attention, en particulier au moment où nous pensons à la nouvelle évangélisation.

Le renouveau missionnaire commence par le contact de proximité, sur notre trottoir, dans la rue, la place publique, le lieu de travail, en chemin ...

Maintenant que l’Église veut vivre un profond renouveau missionnaire, il y a une forme de prédication qui nous revient à tous comme tâche quotidienne. Il s’agit de porter l’Évangile aux personnes avec lesquelles chacun a à faire, tant les plus proches que celles qui sont inconnues. C’est la prédication informelle que l’on peut réaliser dans une conversation, et c’est aussi celle que fait un missionnaire quand il visite une maison. Être disciple c’est avoir la disposition permanente de porter l’amour de Jésus aux autres, et cela se fait spontanément en tout lieu : dans la rue, sur la place, au travail, en chemin.

Sans le dire clairement le Pape semble évoquer l’approche du Seigneur rejoignant les disciples d’Emmaüs ; Jésus les rejoint, se met à leur pas, les écoute : "De quoi parliez-vous en chemin ?". Tel doit être notre premier contact ouvrant, par la suite, la présentation de la Parole.

Dans cette prédication, toujours respectueuse et aimable, le premier moment consiste en un dialogue personnel, où l’autre personne s’exprime et partage ses joies, ses espérances, ses préoccupations pour les personnes qui lui sont chères, et beaucoup de choses qu’elle porte dans son coeur.

En quoi consiste donc cette annonce fondamentale "prioritaire dans toute démarche d’évangélisation" ? Le Pape la précise clairement :

C’est seulement après cette conversation, qu’il est possible de présenter la Parole, que ce soit par la lecture de quelque passage de l’Écriture ou de manière narrative, mais toujours en rappelant l’annonce fondamentale : l’amour personnel de Dieu qui s’est fait homme, s’est livré pour nous, et qui, vivant, offre son salut et son amitié. C’est l’annonce qui se partage dans une attitude humble, de témoignage, de celui qui toujours sait apprendre, avec la conscience que le message est si riche et si profond qu’il nous dépasse toujours. Parfois il s’exprime de manière plus directe, d’autres fois à travers un témoignage personnel, un récit, un geste, ou la forme que l’Esprit Saint lui-même peut susciter en une circonstance concrète. Si cela semble prudent et si les conditions sont réunies, il est bon que cette rencontre fraternelle et missionnaire se conclue par une brève prière qui rejoigne les préoccupations que la personne a manifestées. Ainsi, elle percevra mieux qu’elle a été écoutée et comprise, que sa situation a été remise entre les mains de Dieu, et elle reconnaîtra que la Parole de Dieu parle réellement à sa propre existence.

Par ces quelques rappels de bon sens, le Pape semble exprimer sa propre attitude faite de respect, d’amour, de simplicité.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

Seigneur, chacun de nous est à la fois brebis et pasteur (…) En tant que pasteur, ai-je le souci de ceux qui me sont confiés, de ceux que je côtoie chaque jour dans ma propre famille ou au travail ? Est-ce que je les guide vers les réalités célestes, par mon attitude, par mes paroles ou mon silence ? Suis-je capable de connaître chacun, de deviner ses blessures, de me pencher sur son problème, d’écouter ses plaintes, d’apaiser sa peur ? Est-ce mû par l’amour ou pour exécuter un devoir que je fais mon travail quel qu’il soit ? Ai-je assez de patience, de foi et d’amour pour aller à la recherche de la brebis qui s’éloigne ? Suis-je prêt à donner ma vie pour elle, comme une mère donne sa vie pour ses enfants, comme tu as donné ta vie pour ton Église ? (Extrait de l’Evangile en prières)


Powered by Web Agency