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Le dialogue du Seigneur avec son peuple

Bertrand Lemaire

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A lire du §139 au §142 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Le dialogue du Seigneur avec son peuple

Pour le Pape, l’homélie se déroule au cours d’une "réunion de famille", l’Eglise étant une Mère pour chacun des participants. Il revient donc, au prédicateur, de faire en sorte que le fond et la forme de son propos puisse être assimilé et compris de la part des enfants qui sont assis autour de la table ...

Nous avons dit que le Peuple de Dieu, par l’action constante de l’Esprit en lui, s’évangélise continuellement lui-même. Qu’implique cette conviction pour le prédicateur ? Elle nous rappelle que l’Église est mère et qu’elle prêche au peuple comme une mère parle à son enfant, sachant que l’enfant a confiance que tout ce qu’elle lui enseigne sera pour son bien parce qu’il se sait aimé. De plus, la mère sait reconnaître tout ce que Dieu a semé chez son enfant, elle écoute ses préoccupations et apprend de lui. L’esprit d’amour qui règne dans une famille guide autant la mère que l’enfant dans leur dialogue, où l’on enseigne et apprend, où l’on se corrige et apprécie les bonnes choses. Il en est ainsi également dans l’homélie.
L’Esprit, qui a inspiré les Évangiles et qui agit dans le peuple de Dieu, inspire aussi comment on doit écouter la foi du peuple, et comment on doit prêcher à chaque Eucharistie. La prédication chrétienne, par conséquent, trouve au cœur de la culture du peuple une source d’eau vive, tant pour savoir ce qu’elle doit dire que pour trouver la manière appropriée de le dire. De même qu’on aime que l’on nous parle dans notre langue maternelle, de même aussi, dans la foi, nous aimons que l’on nous parle avec les termes de la “culture maternelle”, avec les termes du dialecte maternel (cf. 2M, 21.27), et le cœur se dispose à mieux écouter. Cette langue est un ton qui transmet courage, souffle, force et impulsion.

Proximité de cœur, chaleur du ton de la voix, douceur, joie, gestuelle, autant de "fioretti" pour accompagner le message ...

On doit favoriser et cultiver ce milieu maternel et ecclésial dans lequel se développe le dialogue du Seigneur avec son peuple, moyennant la proximité de cœur du prédicateur, la chaleur de son ton de voix, la douceur du style de ses phrases, la joie de ses gestes. Même dans les cas où l’homélie est un peu ennuyeuse, si cet esprit maternel et ecclésial est perceptible, elle sera toujours féconde, comme les conseils ennuyeux d’une mère donnent du fruit avec le temps dans le cœur de ses enfants.

Le moment de l’homélie est le temps fort du dialogue du Seigneur avec son peuple, le prédicateur en est l’instrument.

On reste admiratif des moyens qu’emploie le Seigneur pour dialoguer avec son peuple, pour révéler son mystère à tous, pour captiver les gens simples avec des enseignements si élevés et si exigeants. Je crois que le secret se cache dans ce regard de Jésus vers le peuple, au-delà de ses faiblesses et de ses chutes : "Sois sans crainte petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume" (Lc 12, 32) ; Jésus prêche dans cet esprit. Plein de joie dans l’Esprit, il bénit le Père qui attire les petits: "Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits" (Lc 10, 21). Le Seigneur se complaît vraiment à dialoguer avec son peuple, et le prédicateur doit faire sentir aux gens ce plaisir du Seigneur.

Petits écueils à éviter : prédication moraliste, endoctrinante, cours d’exégèse, vérités abstraites, froids syllogisme ... Rechercher des paroles qui font brûler les cœurs !

Un dialogue est beaucoup plus que la communication d’une vérité. Il se réalise par le goût de parler et par le bien concret qui se communique entre ceux qui s’aiment au moyen des paroles. C’est un bien qui ne consiste pas en des choses, mais dans les personnes elles-mêmes qui se donnent mutuellement dans le dialogue.
La prédication purement moraliste ou endoctrinante, comme aussi celle qui se transforme en un cours d’exégèse, réduit cette communication entre les cœurs qui se fait dans l’homélie et qui doit avoir un caractère quasi sacramentel : "La foi naît de ce qu’on entend dire et ce qu’on entend dire vient de la parole du Christ" (Rm 10, 17).
Dans l’homélie, la vérité accompagne la beauté et le bien. Pour que la beauté des images que le Seigneur utilise pour stimuler à la pratique du bien se communique, il ne doit pas s’agir de vérités abstraites ou de froids syllogismes. La mémoire du peuple fidèle, comme celle de Marie, doit rester débordante des merveilles de Dieu. Son cœur, ouvert à l’espérance d’une pratique joyeuse et possible de l’amour qui lui a été annoncé, sent que chaque parole de l’Écriture est avant tout un don, avant d’être une exigence.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

Seigneur ! Combien de fois je lis ta Parole distraitement, que ce soit seul ou devant un auditoire, même si j’entoure ma lecture de mise en scène, de jeux de lumières, de musique douce. Il me manque d’avoir un cœur qui batte à l’unisson du tien. Tes saints ont "ce cœur" et c’est pourquoi ils convertissent. Quand le Curé d’Ars prêchait, il amenait les pécheurs au repentir.
Seigneur, je te demande la grâce que ta Parole vibre en moi ! Qu’elle m’identifie à toi ! Que je sois en état d’osmose avec toi pour que, lorsque je parle de toi, ce ne soit pas en "expert" de ton enseignement mais en disciple et en témoin. (Extraits de l’Evangile en prières)


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