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Joie de donner...

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Joie De Donner

La joie de donner peut se vivre. Elle est plus difficile à dire. Souvent vécue dans le silence, par pudeur. Ne pourrait-on pas se demander comment une infirmière, qui côtoie quotidiennement la douleur, peut arriver à éprouver de la joie ?

Pour moi, seule une vie dans la prière m’a permis de vivre mon métier comme une vocation, mot rejeté actuellement par la profession. Des personnes que je soignais, quel que soit leur âge, le Christ a dit : “Qui accueille un de ces petits m’accueille”. Par delà les défigurations, à l’école de l’Evangile, j’ai senti un Dieu qui vit. Le Christ seul peut donner un sens à des souffrances que, la plupart du temps, nous ne comprenons pas. Parfois, à côté d’un malade, je ne pouvais que me taire, lui tenir la main : les discours étaient inutiles. Certains portaient leurs croix avec un tel courage qu’ils m’insufflaient cette force et cette paix intérieure qui leur venait de Dieu.

Pour un soignant, la joie est souvent étroitement liée à la tristesse. Saint Paul a dit : “Réjouissez-vous avec qui est dans la joie, pleurez avec qui pleure”. Alors de quelles joies puis-je parler ? Joie de voir un patient faire une démarche de réconciliation ; joie de réciter une prière avec un autre, en compagnie de sa famille, ou avec une famille après un décès ; tristesse de perdre un malade auprès duquel je me suis tellement investie que j’ai l’impression de perdre un ami avec qui j’ai vécu des temps forts ; joie de l’accueil reçu lorsque j’ai “osé” proposer à quelqu’un qui souffre une rencontre avec l’aumônier, même si l’accord est donné du bout des lèvres : “Pourquoi pas ?” ; joie de rentrer chez moi le soir, accompagnée par le regard des malades qui m’ont dit : “Merci. A demain !”

Et joies plus petites, plus terre-à-terre : mal de dos accepté, pour qu’une grand-mère soit installée confortablement dans son lit ; pieds meurtris et jambes lourdes parce qu’un malade angoissé sonne toutes les cinq minutes ; patience entamée mais non vaincue par l’agressivité et l’exigence de proches désorientés par la maladie, la dégradation physique ; joie partagée avec l’équipe lorsque quelqu’un que l’on considérait comme perdu sort de l’hôpital ; joie dans l’aide apportée avec humilité dans l’accomplissement des actes de la vie quotidienne...

Le courage de certains m’a permis de relativiser mes problèmes. Leur prière m’a soutenue dans mon travail. Parfois je prie ceux qui ont disparu. J’ai alors la certitude intérieure d’être écoutée et aidée. N’est-ce pas cela la Communion des Saints ?


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