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Existe-t-il une grammaire chrétienne?

Bertrand Lemaire

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Une Grammaire Chretienne

Outre la déclinaison du décalogue, l’inopportunité de l’adjectif possessif, le temps du Pardon pour le passé simple, celui de l’Espérance pour le futur, et le vécu dans la confiance pour le temps présent, cette grammaire chrétienne dispose d’un chapitre insolite comme un paradoxe : le nom propre “JOIE” se compose souvent avec celui de “CROIX”!

Les mains tendues de l’exaltation joyeuse prolongent le geste d’un signe en forme de croix...

Pour la Sainte Famille, notre modèle :
- l’annonciation engendre la Nativité au prix de l’attente virginale telle que l’entendait Marie avant son mariage,
- la paternité de Joseph passe par le mystère de l’ombre de l’Esprit Saint reposant sur sa fiancée,
- le Magnificat jaillit d’un acte de foi en la fécondité d’une vieille femme Elisabeth.

Pour les contemporains de Jésus:
- la joie de l’aveugle-né s’accommode de l’humiliation d’un visage barbouillé de glaise,
- la femme hémorroïsse doit sa guérison à la frange poussiéreuse et déchirée du manteau de Jésus par laquelle “une force est sortie”,
- la joie de Pierre, le matin de Pentecôte doit intégrer la déchirure d’un triple reniement pardonné,
- la joie qui n’illumine pas le visage de Judas aurait eu besoin pour rayonner d’accepter ce paradoxe : “Plus grande est la faute plus grande est la miséricorde”...
- enfin l’explosion du matin de Pâques a dû se mûrir dans le drame du vendredi à 15 heures.

Chacune de nos plaintes, chacune de nos souffrances ne manifestent-elles pas, presque toujours, le signe d’une croix qui, dans le langage de la grammaire chrétienne, est déjà l’expression d’une joie à notre disposition ?

Ceux qui décident de revêtir “Lo Tedhal” suivent un “profil de carrière” fait de simplicité et de confiance, c’est leur chemin de sainteté. En feuilletant le dictionnaire à la bonne page, on trouve :
- la traduction : “n’ayez pas peur”,
- les synonymes : “chemin de traverse, raccourcis pour le Ciel”,
- les précautions à prendre : “se munir des chaussures de l’humilité, souriantes et joyeuses.”


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