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Le tout est supérieur à la partie

Bertrand Lemaire

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A lire du §234 au §237 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Pape Francois Avion Cartable

Regarder en l’air pour voir où l’on va et savoir où l’on met les pieds, c’est une tension permanente indispensable pour conserver son équilibre et avancer.

Entre la globalisation et la localisation se produit aussi une tension. Il faut prêter attention à la dimension globale pour ne pas tomber dans une mesquinerie quotidienne. En même temps, il ne faut pas perdre de vue ce qui est local, ce qui nous fait marcher les pieds sur terre. L’union des deux empêche de tomber dans l’un de ces deux extrêmes: l’un, que les citoyens vivent dans un universalisme abstrait et globalisant, ressemblant aux passagers du wagon de queue, qui admirent les feux d’artifice du monde, celui des autres, la bouche ouverte et avec des applaudissements programmés. L’autre, qu’ils se transforment en un musée folklorique d’ermites renfermés, condamnés à répéter toujours les mêmes choses, incapables de se laisser interpeller par ce qui est différent, d’apprécier la beauté que Dieu répand hors de leurs frontières.

La cime de l’arbre voit haut et loin mais, pour ce faire, ses racines doivent plonger dans la terre fertile de son histoire qui est un don de Dieu.

Le tout est plus que la partie, et plus aussi que la simple somme de celles-ci. Par conséquent, on ne doit pas être trop obsédé par des questions limitées et particulières. Il faut toujours élargir le regard pour reconnaître un bien plus grand qui sera bénéfique à tous. Mais il convient de le faire sans s’évader, sans se déraciner. Il est nécessaire d’enfoncer ses racines dans la terre fertile et dans l’histoire de son propre lieu, qui est un don de Dieu. On travaille sur ce qui est petit, avec ce qui est proche, mais dans une perspective plus large. De la même manière, quand une personne qui garde sa particularité personnelle et ne cache pas son identité, s’intègre cordialement dans une communauté, elle ne s’annihile pas, mais elle reçoit toujours de nouveaux stimulants pour son propre développement. Ce n’est ni la sphère globale, qui annihile, ni la partialité isolée, qui rend stérile.

François se lance dans une démonstration géométrique ! Son modèle n’est pas la sphère, symbole d’une égalité virtuelle : tous les points sont à équidistance du centre.
Le polyèdre respecte, quant à lui, les différentes facettes, symbole du respect des personnalités multiples.

Le modèle n’est pas la sphère, qui n’est pas supérieure aux parties, où chaque point est équidistant du centre et où il n’y a pas de différence entre un point et un autre. Le modèle est le polyèdre, qui reflète la confluence de tous les éléments partiels qui, en lui, conservent leur originalité.
Tant l’action pastorale que l’action politique cherchent à recueillir dans ce polyèdre le meilleur de chacun. Y entrent les pauvres avec leur culture, leurs projets, et leurs propres potentialités.
Même les personnes qui peuvent être critiquées pour leurs erreurs ont quelque chose à apporter qui ne doit pas être perdu. C’est la conjonction des peuples qui, dans l’ordre universel, conservent leur propre particularité ; c’est la totalité des personnes, dans une société qui cherche un bien commun, qui les incorpore toutes en vérité.

Ce que François appelle "le tout " ou "la globalité" est bien entendu l’Evangile, véritable levain dans la pâte qui féconde toutes les différences.

A nous chrétiens, ce principe nous parle aussi de la totalité ou de l’intégrité de l’Évangile que l’Église nous transmet et nous envoie prêcher.
La plénitude de sa richesse incorpore les académiciens et les ouvriers, les chefs d’entreprise et les artistes, tous. La “mystique populaire” accueille à sa manière l’Évangile tout entier, et l’incarne sous forme de prière, de fraternité, de justice, de lutte et de fête. La Bonne Nouvelle est la joie d’un Père qui ne veut pas qu’un de ses petits se perde. Ainsi jaillit la joie du Bon Pasteur qui retrouve la brebis perdue et la réintègre à son troupeau. L’Évangile est le levain qui fait fermenter toute la masse, la ville qui brille en haut de la montagne éclairant tous les peuples.
L’Évangile possède un critère de totalité qui lui est inhérent : il ne cesse pas d’être Bonne Nouvelle tant qu’il n’est pas annoncé à tous, tant qu’il ne féconde pas et ne guérit pas toutes les dimensions de l’homme, tant qu’il ne réunit pas tous les hommes à la table du Royaume. Le tout est supérieur à la partie.

Ces passages de l’Exhortation apostolique mettent en évidence la formation rigoureuse transmise par saint Ignace aux Jésuites et au Pape François en particulier. Ce GPS permet de progresser plus vite, plus sûrement et avec plus d’efficacité.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

La parabole du levain dans la pâte vient encore renforcer l’idée d’enfouissement et d’humilité du Royaume. Le levain mélangé avec les autres ingrédients va se perdre et disparaître complètement. C’est à cette condition qu’il pourra remplir son rôle et transformer la pâte. Le levain n’est qu’en toute petite quantité par rapport à la farine. Une fois le mélange fait, on ne se rend même plus compte de sa présence. Mais il est bien là. Et c’est lui qui va permettre la fabrication du pain ou de la galette.
Qu’en est-il du Royaume ? Contrairement à nos désirs de triomphalisme, tu nous montres qu’il est bon que le Royaume ait cette présence discrète mais réelle, plantée profondément, enfouie dans le monde, au milieu des hommes. Même s’il ne se manifeste pas par des actions éclatantes au cours de l’Histoire, le Royaume est présent et agit au cœur du monde pour le transformer et le renouveler. N’est-ce pas la présence des moines et des moniales, de l’Église persécutée dite "du silence", des communautés de chrétiens dans les pays où ils sont minoritaires, des chrétiens engagés dans des mouvements de prière ou d’approfondissement de la foi, malgré l’indifférence et l’hostilité de leur milieu de vie ou de travail ? (Extraits de l’Evangile en Prière)


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