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L’homélie

Bertrand Lemaire

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A lire du §135 au §138 inclus: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

L’homélie

Le Pape François consacre une part importante de son Exhortation Apostolique à l’homélie de la messe qui, à première vue, pourrait relever de considérations secondaires. Bien au contraire ce sujet provoque de nombreuses "réclamations". D’un côté il y a ceux qui sont lassés de prêcher et de l’autre ceux qui peinent à écouter !

Considérons maintenant la prédication dans la liturgie, qui demande une sérieuse évaluation de la part des pasteurs. Je m’attarderai en particulier, et avec un certain soin, à l’homélie et à sa préparation, car les réclamations à l’égard de ce grand ministère sont nombreuses, et nous ne pouvons pas faire la sourde oreille. L’homélie est la pierre de touche pour évaluer la proximité et la capacité de rencontre d’un pasteur avec son peuple. De fait, nous savons que les fidèles lui donnent beaucoup d’importance ; et ceux-ci, comme les ministres ordonnés eux-mêmes, souffrent souvent, les uns d’écouter, les autres de prêcher. Il est triste qu’il en soit ainsi. L’homélie peut être vraiment une intense et heureuse expérience de l’Esprit, une rencontre réconfortante avec la Parole, une source constante de renouveau et de croissance.

Le Christ parle à travers le prédicateur, il le choisit comme son porte parole. Puis le texte évoque de nombreuses références évangéliques montrant l’effet de la Parole du Seigneur sur ses auditeurs.

Renouvelons notre confiance dans la prédication, qui se fonde sur la conviction que c’est Dieu qui veut rejoindre les autres à travers le prédicateur, et qu’il déploie sa puissance à travers la parole humaine. Saint Paul parle avec force de la nécessité de prêcher, parce que le Seigneur a aussi voulu rejoindre les autres par notre parole (cf. Rm 10, 14-17). Par la parole, notre Seigneur s’est conquis le cœur des gens. Ils venaient l’écouter de partout (cf. Mc 1, 45). Ils restaient émerveillés, “buvant” ses enseignements (cf. Mc 6, 2). Ils sentaient qu’il leur parlait comme quelqu’un qui a autorité (cf. Mc 1, 27). Avec la parole, les Apôtres, qu’il a institués pour être ses compagnons et les envoyer prêcher (Mc 3, 14), attiraient tous les peuples dans le sein de l’Église (cf. Mc 16, 15.20).

L’homélie se situe entre la proclamation de l’Evangile au sein de laquelle s’élabore le dialogue de Dieu avec son peuple et la communion sacramentelle. Le prédicateur se doit de poursuivre et d’élever ce dialogue en rejoignant le cœur de sa communauté.

Il faut se rappeler maintenant que "la proclamation liturgique de la Parole de Dieu, surtout dans le cadre de l’assemblée eucharistique, est moins un moment de méditation et de catéchèse que le dialogue de Dieu avec son peuple, dialogue où sont proclamées les merveilles du salut et continuellement proposées les exigences de l’Alliance". L’homélie a une valeur spéciale qui provient de son contexte eucharistique, qui dépasse toutes les catéchèses parce qu’elle est le moment le plus élevé du dialogue entre Dieu et son peuple, avant la communion sacramentelle.
L’homélie reprend ce dialogue qui est déjà engagé entre le Seigneur et son peuple. Celui qui prêche doit discerner le cœur de sa communauté pour chercher où est vivant et ardent le désir de Dieu, et aussi où ce dialogue, qui était amoureux, a été étouffé ou n’a pas pu donner de fruit.

Sur la forme, le Pape précise quelques critères presque "non négociables" pour assurer la qualité d’une homélie : brève, différente d’une conférence ou d’un cours, ne pas être un "morceau de bravoure" qui soit en concurrence avec l’action liturgique !

L’homélie ne peut pas être un spectacle de divertissement, elle ne répond pas à la logique des moyens médiatiques, mais elle doit donner ferveur et sens à la célébration. C’est un genre particulier, puisqu’il s’agit d’une prédication dans le cadre d’une célébration liturgique ; par conséquent elle doit être brève et éviter de ressembler à une conférence ou à un cours. Le prédicateur peut être capable de maintenir l’intérêt des gens durant une heure, mais alors sa parole devient plus importante que la célébration de la foi. Si l’homélie se prolonge trop, elle nuit à deux caractéristiques de la célébration liturgique : l’harmonie entre ses parties et son rythme. Quand la prédication se réalise dans le contexte liturgique, elle s’intègre comme une partie de l’offrande qui est remise au Père et comme médiation de la grâce que le Christ répand dans la célébration.
Ce contexte même exige que la prédication oriente l’assemblée, et aussi le prédicateur, vers une communion avec le Christ dans l’Eucharistie qui transforme la vie. Ceci demande que la parole du prédicateur ne prenne pas une place excessive, de manière à ce que le Seigneur brille davantage que le ministre.

Chaque matin au cours de sa messe de 7h00 à la chapelle de la maison Sainte Marthe, le saint Père s’applique à lui même les conseils qu’il suggère aux prédicateurs...

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

Seigneur, tu commences alors ta "catéchèse". Tu relis pour eux l’Écriture. Tu leur cites les passages où le Messie est annoncé comme un homme de douleurs. Tu les as acceptées par amour pour nous afin qu’en toi ton Père soit révélé et glorifié. En t’écoutant, leur cœur se réchauffe. Peu à peu, la flamme ranimée de leur espérance recommence à briller. Ne se sont-ils pas trompés sur l’interprétation des événements ? Les paroles de ce pèlerin inconnu font couler en eux un flot de joie (…)
Aide-nous à découvrir que tu parles à chacun de nous à travers ton Évangile et que le lieu de notre rencontre avec toi, c’est l’Eucharistie ! Que ton Esprit Saint nous fasse ce don du regard qui nous permet de percevoir ta Présence dans le Pain eucharistique ! Donne-nous de brûler du désir d’annoncer au monde que tu es la source de notre vie et la raison de notre espérance ! (Extraits de l’Evangile en prières)


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