Après avoir gagné la guerre contre Hitler, le Général de Gaulle est impatient de faire remplacer le Nonce apostolique en France. Il écrit donc à Pie XII en ce sens, mais le Pape tarde à répondre.
De Gaulle tient pourtant à ce que le St Siège nomme un Nonce avant le 6 janvier, date à laquelle le corps diplomatique offre ses vœux au chef de l’Etat. En effet, le Nonce étant le président du corps diplomatique, c’est à lui que revient l’honneur de prononcer le discours devant le Président de la République. En son absence, ce rôle incomberait au vice-président, qui n’est autre que l’ambassadeur soviétique, ce que de Gaulle veut éviter...
Or le Cardinal Roncalli ne sera finalement nommé qu’une semaine avant la date des vœux. De guerre lasse, et sans plus attendre, le chef du protocole demande alors à l’ambassadeur soviétique de prononcer le discours des vœux.
Quand le nouveau Nonce arrive enfin à Paris, il est trop tard pour faire machine arrière. On le prévient, avec mille excuses, que l’ambassadeur soviétique tiendra donc le rôle qui lui revenait de droit, s’il était arrivé plus tôt... « Oh, ne vous inquiétez pas ! répond Mgr Roncalli. J’irai le voir et on s’entendra ensemble sur le discours à prononcer... ».
Effectivement, le nouveau Nonce prend rendez-vous avec son homologue soviétique, qui lui remet son discours, en sollicitant son point de vue. Le Nonce termine la lecture en félicitant son confrère en diplomatie : « C’est exactement ce que j’aurais dit ! Me permettez-vous de le lire à votre place ? En ajoutant simplement une phrase à la fin : que le Seigneur vous bénisse ! ». Le Soviétique, ravi de la tournure prise par les événements, accepte.
Et c’est ainsi que Mgr Roncalli a été généreusement applaudi par de Gaulle et tous les ambassadeurs présents. Félicité par ses pairs, le Nonce précise alors que ce texte est le travail de son ami, l’ambassadeur soviétique, sous les applaudissements frénétiques du corps diplomatique.
On a même dit que cet incident a marqué le début de la désescalade entre les deux blocs politiques du monde... la douceur a donc toute sa place en politique !
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