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Défis de cultures urbaines

Bertrand Lemaire

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A lire du §71 au §75 de: Evangelii gaudium "La joie de l'Evangile" - Exhortation apostolique du Pape François

Défis de cultures urbaines

La pensée du Pape peut paraître insolite, elle est tout au moins originale et provocatrice !

Dans les bas fonds de nos concentrations urbaines généralement non évangélisées, Dieu habite les maisons, les rues, les places, dans le cœur de beaucoup de personnes chercheuses d’un sens à leur vie.

Nous avons besoin de reconnaître la ville à partir d’un regard contemplatif, c’est-à-dire un regard de foi qui découvre ce Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues, sur ses places. La présence de Dieu accompagne la recherche sincère que des personnes et des groupes accomplissent pour trouver appui et sens à leur vie. Dieu vit parmi les citadins qui promeuvent la solidarité, la fraternité, le désir du bien, de vérité, de justice. Cette présence ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée. Dieu ne se cache pas à ceux qui le cherchent d’un cœur sincère, bien qu’ils le fassent à tâtons, de manière imprécise et diffuse.

Un modèle : la Samaritaine

Dans la vie quotidienne, les citadins luttent très souvent pour survivre et, dans cette lutte, se cache un sens profond de l’existence qui implique habituellement aussi un profond sens religieux. Nous devons le considérer pour obtenir un dialogue comme celui que le Seigneur réalisa avec la Samaritaine, près du puits, où elle cherchait à étancher sa soif.

L’évangélisateur doit imaginer, innover, oser ...

De nouvelles cultures continuent à naître dans ces énormes géographies humaines où le chrétien n’a plus l’habitude d’être promoteur ou générateur de sens, mais reçoit d’elles d’autres langages, symboles, messages et paradigmes qui offrent de nouvelles orientations de vie, souvent en opposition avec l’Évangile de Jésus. Une culture inédite palpite et se projette dans la ville. Le Synode a constaté qu’aujourd’hui, les transformations de ces grandes aires et la culture qu’elles expriment sont un lieu privilégié de la nouvelle évangélisation. Cela demande d’imaginer des espaces de prière et de communion avec des caractéristiques innovantes, plus attirantes et significatives pour les populations urbaines.

Il faut être réalistes cependant, les obstacles sont nombreux et paraissent insurmontables :

Nous ne pouvons ignorer que dans les villes le trafic de drogue et de personnes, l’abus et l’exploitation de mineurs, l’abandon des personnes âgées et malades, diverses formes de corruption et de criminalité augmentent facilement. En même temps, ce qui pourrait être un précieux espace de rencontre et de solidarité, se transforme souvent en lieu de fuite et de méfiance réciproque. Les maisons et les quartiers se construisent davantage pour isoler et protéger que pour relier et intégrer.

Une certitude cependant :

La proclamation de l’Évangile sera une base pour rétablir la dignité de la vie humaine dans ces contextes, parce que Jésus veut répandre dans les villes la vie en abondance (cf. Jn 10, 10). Le sens unitaire et complet de la vie humaine que l’Évangile propose est le meilleur remède aux maux de la ville, bien que nous devions considérer qu’un programme et un style uniforme et rigide d’évangélisation ne sont pas adaptés à cette réalité.

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

Jean écrit : « Il lui fallait traverser la Samarie. » C’était pour Jésus un impératif.

Quel en était le motif ? Lui qui sait tout, savait qu’il y avait là un peuple assoiffé de la Vérité. Et il avait « rendez-vous » avec l’une de ses représentantes. Une femme qui portait la détresse de son peuple à travers les errances de sa vie personnelle. Mais une femme toute disposée à changer de vie si le bonheur lui était promis.

Quand on a goûté à l’« eau vive », on ne peut rester le même, on ne peut continuer à mener tranquillement sa « petite vie ». La Samaritaine a rencontré l’Amour avec un grand « A », seul capable de la mettre face à elle-même sans la juger. Elle quitte sa cruche pour courir annoncer la bonne nouvelle : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Le Seigneur lui as offert un trésor, une eau précieuse. Son cœur est embrasé. Sa joie déborde. Elle doit la communiquer à d’autres. Elle devient missionnaire. (D'après l'Evangile en prières)


 

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