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La piété populaire

Bertrand Lemaire

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A lire du §122 au §124: Evangelii Gaudium "La Joie de l'Evangile"- Exhortation apostolique du Pape François

Pape Francois Et La Vierge DaparecidaDans un premier temps, le Pape met le doigt sur la diversité des cultures propres à chaque peuple qui l’élabore au cours de son histoire. De plus cette culture n’est pas figée et possède son dynamisme spécifique.

De la sorte, nous pouvons penser que les divers peuples, chez qui l’Évangile a été inculturé, sont des sujets collectifs actifs, agents de l’évangélisation. Ceci se vérifie parce que chaque peuple est le créateur de sa culture et le protagoniste de son histoire. La culture est quelque chose de dynamique, qu’un peuple recrée constamment, et chaque génération transmet à la suivante un ensemble de comportements relatifs aux diverses situations existentielles, qu’elle doit élaborer de nouveau face à ses propres défis. L’être humain "est à la fois fils et père de la culture dans laquelle il est immergé".

Pour chaque peuple, les expressions de sa foi évangélique sont liées à sa culture. La piété populaire est inspirée par l’Esprit Saint:

Quand un peuple a inculturé l’Évangile, dans son processus de transmission culturelle, il transmet aussi la foi de manières toujours nouvelles ; d’où l’importance de l’évangélisation comprise comme inculturation. Chaque portion du Peuple de Dieu, en traduisant dans sa vie le don de Dieu selon son génie propre, rend témoignage à la foi reçue et l’enrichit de nouvelles expressions qui sont éloquentes. On peut dire que "le peuple s’évangélise continuellement lui-même". D’où l’importance particulière de la piété populaire, expression authentique de l’action missionnaire spontanée du Peuple de Dieu.
Il s’agit d’une réalité en développement permanent où l’Esprit Saint est l’agent premier.

François rend hommage au Pape Paul VI qui, à la suite du Concile Vatican II, a mis en relief l’importance de la "piété populaire" au cours de l’Exhortation Apostolique Evangelii Nuntiandi. Benoît XVI s’est également engagé dans ce sens.

Dans la piété populaire, on peut comprendre comment la foi reçue s’est incarnée dans une culture et continue à se transmettre. Regardée avec méfiance pendant un temps, elle a été l’objet d’une revalorisation dans les décennies postérieures au Concile. Ce fut Paul VI, dans son Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi qui donna une impulsion décisive en ce sens. Il y explique que la piété populaire "traduit une soif de Dieu que seuls les simples et les pauvres peuvent connaître" et qu’elle "rend capable de générosité et de sacrifice jusqu’à l’héroïsme lorsqu’il s’agit de manifester la foi". Plus près de nous, Benoît XVI, en Amérique latine, a signalé qu’il s’agit "d’un précieux trésor de l’Église catholique" et qu’en elle " apparaît l’âme des peuples latino-américains".

Pour l’Européen, la démarche de foi s’appuie principalement sur la tête et le cœur, pour le Latino-américain qu’est le pape François, il y ajoute les pieds, le pèlerinage, le quitter chez soi, le sortir de soi.... C’est la piété populaire engendrée par leur culture. Le Pape François y voit une véritable démarche d’évangélisation.

Dans le Document d’Aparecida sont décrites les richesses que l’Esprit Saint déploie dans la piété populaire avec ses initiatives gratuites. En ce continent bien-aimé, où un grand nombre de chrétiens expriment leur foi à travers la piété populaire, les évêques l’appellent aussi "spiritualité populaire" ou "mystique populaire". Il s’agit d’une véritable "spiritualité incarnée dans la culture des simples". Elle n’est pas vide de contenus, mais elle les révèle et les exprime plus par voie symbolique que par l’usage de la raison instrumentale, et, dans l’acte de foi, elle accentue davantage le credere in Deum que le credere Deum.
"C’est une manière légitime de vivre la foi, une façon de se sentir partie prenante de l’Église, et une manière d’être missionnaire" ; elle porte en elle la grâce de la mission, du sortir de soi et d’être pèlerins : " le fait de marcher ensemble vers les sanctuaires, et de participer à d’autres manifestations de la piété populaire, en amenant aussi les enfants ou en invitant d’autres personnes, est en soi un acte d’évangélisation". Ne contraignons pas et ne prétendons pas contrôler cette force missionnaire !

Et Lo Tedhal dans tout cela ?

La foi n’est pas une affaire d’accumulation de connaissances. Ce n’est pas une technique. Ce n’est pas un savoir-faire. En réalité, il suffit que nous en ayons rien qu’un tout petit peu : "gros comme une graine de moutarde" (la plus petite de toutes les graines). Mais ce petit peu, cette toute petite graine de foi, nous fait prendre conscience que tout nous vient de toi. Tout dépend de toi à condition que nous mettions à ta disposition toutes nos possibilités. Ce n’est finalement pas notre foi qui convertit le monde, c’est l’amour qui imprègne notre vie. Paul, l’Apôtre des Nations, ne dira-t-il pas : "Quand j’aurais la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien" (1 Co 13, 2). Jacinthe et Francisco de Fatima (10-11 ans), Maria Goretti (12 ans) ou Dominique Savio (15 ans) n’ont-ils pas, à travers leur courte vie, déraciné de "gros arbres" : des sceptiques, des tièdes, des indifférents ? Pourtant, ils n’avaient pas la science d’un Thomas d’Aquin ou d’un Augustin. Par leur manière de prier ou de recevoir l’Eucharistie, les enfants peuvent toucher des coeurs endurcis, bien plus que ne le feraient les exhortations de grands théologiens. (Tiré de l’Evangile en prières)


 

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